Femmes et Affaires
Encourager les femmes à oser et à foncer davantage
Les femmes composent plus de la moitié de la population d’Afrique en général et du Gabon en particulier. C’est dire leurs poids dans la société. Cependant, elles sont encore beaucoup moins nombreuses que les hommes à créer leur entreprise. Parmi les tabous qui entravent encore leur volonté d’entreprendre, la culture et les traditions, les réflexes sexistes et stéréotypes, l’autocensure, une plus grande aversion au risque, la conciliation entre vie professionnelle et familiale, l’absence de financement, le rapport à l’argent. Pourtant, Les femmes gardent une tendance à la gestion en bonne mère de famille. Certes elles ont souvent du courage et de l’opiniâtreté, mais moins de confiance en elles pour aller dire qu’elles sont les meilleures.
Les institutions financières internationales et africaines telles la Banque africaine de développement (BAD), la Banque mondiale (BM) et le Fonds monétaire international (FMI) accordent désormais, une place grandissante aux femmes. Tant dans les projets qu’elles soutiennent et financent, qu’en leur sein même, parmi leur personnel. Elles se sont engagées à encourager les femmes à oser et à foncer davantage, à ne pas hésiter à aller plus loin, à avoir de l’ambition, à rêver plus haut et plus grand, à ne pas hésiter à sortir des sentiers battus. Parce que tout simplement elles ont parfois tendance, en tant que femme, à s’autocensurer, à hésiter, à se remettre en question.
Pour remédier à ce manque de confiance en soi dans l’environnement des affaires, les femmes entrepreneuses doivent s’entraider, soutenir les femmes des générations qui les suivent, de partager leur savoir et leur expérience avec elles, de les encourager et de mettre leur potentiel en valeur pour qu’elles se fassent davantage confiance. Aujourd’hui, l’on voudrait pourtant croire que les mentalités ont évolué. L’on voit arriver de plus en plus de jeunes femmes sorties des grandes écoles avec une plus forte confiance en elles. Il faudrait maintenant qu’elles soient plus nombreuses dans les entreprises les plus innovantes pour relever les défis.
Réduire la pauvreté par l’autonomisation des femmes
C’est la vision de Mme Madeleine Berre, le tout nouveau président de la CPG, qui veut davantage des femmes entrepreneuses à la Confédération Patronale Gabonaise. Elle veut les savoir plus nombreuses et plus impliquées en adhérent au patronat. « Aujourd’hui, nous avons de plus en plus des femmes dirigeants d’entreprise. Je les exhorte à s’impliquer davantage parce que mes collègues sont très en phase avec la gente féminine et je n’ai aucun souci de ce côté-là ».
A travers cette restructuration, la nouvelle organisation patronale voudrait être, un lieu de développement personnel, d’intégration sociale, de solidarité des opérateurs économiques autour de la CPG, de modernisation du capital humain par la formation professionnelle. Mais elle reconnait aussi que l’entreprise est aussi, la cellule qui permettra à l’avenir, de résoudre la très grande majorité des défis auxquels la Confédération Patronale Gabonaise est confrontée.
Mieux, au niveau des institutions financières internationales citées ci-dessus, il est encouragé l’autonomisation des femmes en Afrique, en insistant sur l’importance de la parité hommes-femmes à travers leurs programmes de développement. C’est dans ce cadre que les institutions de Brettons Wood ont mis en place un Laboratoire d’innovation de la Banque mondiale travaillant sur la parité hommes-femmes en Afrique. Ce Laboratoire sur la parité hommes-femmes utilise des évaluations d’impact pour déterminer de quelle manière les projets améliorent la vie des femmes africaines. M. Makhtar Diop, le vice-président de la Région Afrique de la Banque mondiale qui était récemment en visite au Gabon, a affirmé à ce sujet qu’il est indispensable de disséminer le savoir développé par le Laboratoire sur la parité hommes-femmes. « Cette équipe est toujours en mouvement et elle est prête à se rendre dans n’importe lequel pays africain, à en parler aux parlementaires ou à quiconque dans la société et à expliquer que les choses bougent dans le domaine de la parité hommes-femmes en Afrique» dit-il.
Réduire la pauvreté par l’entrepreneuriat est une façon de favoriser l’autonomisation des femmes gabonaises et africaines. Celles-ci représentent plus de la moitié de la population d’Afrique. Elles ont le potentiel de transformer les économies en entreprises prospères. Les femmes, chefs d’entreprises et dirigeantes, sont les piliers d’une croissance inclusive induite par le secteur privé en Afrique. C’est pourquoi, la promotion des femmes chefs d’entreprises, dans le cadre des programmes de développement des PME, est devenue l’une des priorités de la BAD. Aussi, la Banque s’est-elle engagée, dans le cadre de ses actions dans le secteur privé, à investir massivement dans l’appui aux projets qui participent de la promotion de l’égalité de genre et de l’entrepreneuriat féminin en Afrique.
Favoriser l’acquisition des connaissances et l’accès au financement pour les femmes entrepreneurs.
Concernant le renforcement de l’autonomisation des femmes dans les secteurs économiques majeurs, les opérations du département de la BAD dédié au secteur privé développent et coordonnent, de façon proactive, des actions en partenariat avec les institutions financières multilatérales et bilatérales de développement, les banques régionales de développement, ainsi qu’avec les institutions financières du secteur privé, à travers des programmes spécifiques, des initiatives et des projets ad hoc.
A preuve la première femme africaine propriétaire d’une mine de manganèse, est Sud-Africaine. Aidée par la BAD, Kalagadi Manganèse à développer un programme de consolidation des PME et de promotion de l’entreprenariat féminin, conformément à sa politique de genre en faveur de l’égalité entre les sexes, de l’autonomisation des femmes et du développement d’entreprises et d’entrepreneurs au féminin. « Je suis passionnée par les droits des femmes et leur autonomisation. Je crois sincèrement que les femmes ont un rôle important à jouer dans l’industrie minière, si elles sont prêtes à s’engager pleinement. Je crois avoir une responsabilité sur ce sujet de l’autonomisation des femmes, et de l’élimination des obstacles inhérents à l’industrie minière. C’est pour cette raison que j’insiste pour que 50 % de nos employés soient des femmes – même sur le site minier », a déclaré Daphne Mashile-Nkosi, présidente-directrice générale de Kalagadi Manganese (Pty) Ltd. Le projet de mine de manganèse géré par Daphne Mashile-Nkosi est très promoteur parce qu’il aura d’importants impacts sur le développement du Cap Nord, l’une des régions les plus pauvres d’Afrique du Sud. Il s’agit pour l’institution financière africaine de favoriser l’accès au financement pour les femmes entrepreneuses. Or pour une femme entrepreneuse en Afrique ou au Gabon, accéder à des financements n’est pas chose aisée. Quand elles sollicitent un prêt, il arrive que le banquier leur demande ce que fait leur mari. Résultat, leur mise de départ est souvent bien inférieure à celle des hommes, et les projets de moins grande ampleur:
Par conséquent, le renforcement des capacités et des opportunités pour les femmes et les filles constitue une priorité majeure parce qu’il peut stimuler la productivité et la participation de la moitié de la population africaine à la croissance de nos économies. En effet, pour promouvoir l’entrepreneuriat féminin, il faudrait d’abord mettre l’accent sur l’acquisition des connaissances, le développement des compétences et ensuite, la protection des droits juridiques et de propriété. D’où l’impérieuse nécessité de former des femmes entrepreneuses et des employés de banques et de les suivre sur la conception de plans d’affaires et sur les besoins spécifiques des femmes en termes de financement. Faudrait-il reconnaître que les femmes et les filles supportent plus de la moitié du fardeau du continent, mais leur potentiel en tant que génératrices de revenu est disproportionnellement élevé.
Femmes, moteur pour le développement
Faut-il aussi le rappeler, les femmes sont un moteur pour le développement en Afrique. Elles représentent plus de la moitié de la population et la majorité des MPME (micro petites et moyennes entreprises, soit près de 90 % des entreprises en Afrique) sont dirigées ou appartiennent à des femmes. Ces entreprises sont un vivier d’emploi fantastique. Les soutenir, c’est donc soutenir la croissance et atténuer les effets de la crise. Donald Kaberuka, le président de la Banque africaine de développement l’affirme haut et fort : « La participation des femmes entrepreneuses à l’économie africaine est vitale. Nous travaillons ensemble pour leur renforcement. Elles travaillent pour l’avenir de l’Afrique. »
Aujourd’hui, la réalité des femmes africaines est en train de changer. Elles ont le monde à leur portée. Le conseil qui leur est donné est de poursuivre leurs rêves et faire ce pour quoi elles sont passionnées, d’étudier et de se lancer dans toutes les carrières, de s’impliquer dans la vie citoyenne, la vie publique, mais aussi de prendre le temps de voir leurs enfants grandir. Les carrières peuvent attendre, mais les premières années d’un enfant sont une période unique et magique. L’arrivée croissante des femmes dans le monde du travail pose la question de l’équilibre d’une vie familiale. Et cette question est valable pour les hommes aussi !
Par Neltoh