Economie
Le secteur informel en Afrique : Aubaine et Fléau. Quels enjeux ?
L’économie informelle occupe, une place importante en Afrique. Mais la théorie ne permet pas, à elle seule d’appréhender réellement les activités de cette économie dans toutes ses dimensions. Il se pose d’emblée une importante question : Compte tenu de l’importance du poids de l’informel, et en dépit de sa complexité et son hétérogénéité, en termes absolus, des courants commerciaux passés et actuels, quels sont les possibilités à chercher et les opportunités ou obstacles réels à définir pour apprécier ce secteur dans le développement économique ?
Ce papier dont le titre porte sur le secteur informel en Afrique est un prélude traçant les lignes essentielles de la prochaine parution de ce livre. L’objectif de l’ouvrage en question n’est pas de faire une apologie de l’informalité contre les économies africaines légales, mais de la présenter comme étant une conséquence des politiques publiques inadaptées, des mauvaises réformes économiques effectuées qui ont échoué, des répressions abusives et incohérentes contre le secteur informel. Il s’agit ainsi de nourrir une réflexion réelle sur l’informalité comme un nouveau paradigme s’insérant dans le développement économique de l’Afrique.
La problématique est donc celle de savoir quels sont les moyens et atouts qui permettent de vulgariser le secteur informel, si illégal soit-il, mais important, de manière à renforcer le processus du développement économique en Afrique.
Trois arguments favorables plaident actuellement en faveur du choix d’une stratégie axée sur la prise en compte de l’économie informelle comme l’une des voies les meilleures pour faciliter son insertion dans les économies de l’Afrique.
D’abord l’optimisme qui résulte des investigations de nombreux chercheurs sur le terrain. Ainsi en dépit des entraves auxquelles se heurte le secteur informel, certains auteurs 1 dont nous partageons les avis, expriment la conviction que le secteur informel peut renforcer les économies africaines et aider à promouvoir le développement à condition de remédier aux différentes erreurs d’appréciation du passé à l’égard de ce secteur. En effet, parfois considérée comme une remise en cause radicale du rôle central des Etats, l’économie informelle se réalise en marge des institutions grâce à la volonté manifeste des groupes sociaux qui sortent des cadres et structures réglementaires pour développer des réseaux marchands nationaux, transfrontaliers ou transnationaux (Egg et Herrera, 1998), bénéfiques pour les couches sociales démunies.
« La pauvreté est l’une des causes des troubles permanents (guerres civiles, migrations, grèves et soulèvements divers, etc.) pour bon nombre des pays africains. Les activités du secteur informel permettent de contenir ces troubles en apportant des solutions et la satisfaction des besoins vitaux. »
Il faut reconnaitre aussi que le mode de vie, voire de survie de la population, la solidarité de la population et les besoins fondamentaux (se nourrir, se loger, se vêtir, se former, se soigner, se déplacer, etc.) permettent la diminution des tensions au sein du continent africain, car la pauvreté est l’une des causes des troubles permanents (guerres civiles, migrations, grèves et soulèvements divers, etc.) pour bon nombre des pays africains. Les activités du secteur informel permettent de contenir ces troubles en apportant des solutions et la satisfaction des besoins vitaux.
Pas de développement sans éveil de conscience
Ensuite, la prise de conscience du poids et de l’importance du secteur informel en Afrique dans les domaines d’emploi, des rapports humains socio-culturels, des liens sociaux forts et d’appartenance familiale, par les Autorités politiques dans la quasi-totalité de leurs diverses réunions annuelles concernant l’évolution de leurs économies, en dépit de la non perception de l’intérêt de l’importance de ce secteur, nous pousse à les sensibiliser davantage pour qu’ils unissent la pensée, à la parole et à l’action, en rompant avec cette habitude qui dit-on, est une loi du subconscient dont le moi objectif n’est pas conscient. Car, il n’y a pas de développement sans éveil de conscience. C’est dire que déterminer l’existence de l’informel, ses effets d’entraînement, sa diffusion et sa polarisation dans les économies de l’Afrique, est un devoir nécessaire.
En troisième lieu, les nombreux bienfaits et vertus propitiatoires qui résultent de l’expansion intensive de ’économie informelle à savoir entre autres, la mise à nue de l’anatomie socio-économique, culturelle et politique, des peuples appartenant à cette même Communauté africaine rendent préférable la considération du secteur informel.
Faut-il pour autant réinventer une forme nouvelle d’économie à la place de celle existante au sein de l’Afrique ? Pas nécessairement. Selon nous, le processus de développement économique en Afrique doit réparer ses erreurs en surmontant les divers obstacles inhérents à l’économie informelle. Ne dit-on pas que le passé doit instruire le présent ?
La réponse à toutes ces questions nécessite donc de situer les secteurs commerciaux dans une perspective théorique, celle des stratégies commerciales et celle de la mise en évidence du secteur informel en économie de marché et de son efficacité en Afrique.
Sources de l’auteur : 1 Aboubacar Yacoub (2017), Cling, Lagrée, Razafindrakoto
et Roubeaud (2012), Issofou(2014), Roubeaud (2013 ; 014), Sabine (2015), Rama (2013), Moldonado (2000 ; 2004), NKenda(2012) et Kanté (2002).
Par Dr GATTAI-LAM Merdan, Economiste