Economie
Lutte contre la pauvreté
Pour lutter contre la pauvreté, l’Afrique a besoin de politiques welfaristes et d’un développement centré sur l’humain
Le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, a identifié cinq domaines critiques sur lesquels les dirigeants nigérians et africains doivent se concentrer pour transformer leurs économies et les conditions de vie de leurs populations ; Il s’agit entre autres, de la transformation de l’économie rurale et la sécurité alimentaire, la sécurité sanitaire pour tous,de l’éducation pour tous, du logement abordable pour tous,de la responsabilité gouvernementale et la décentralisation fiscale pour un véritable fédéralisme.
Les gouvernements ne devraient pas transférer leurs responsabilités aux citoyens ; Des dirigeants africains et internationaux ont honoré M. Adesina lors de la remise du Prix Obafemi Awolowo du leadership pour son leadership visionnaire, inspirant et transformateur. Le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, a appelé les dirigeants du Nigeria et de toute l’Afrique à éradiquer la pauvreté, en présentant des arguments convaincants en faveur de politiques welfaristes et d’un développement centré sur l’humain.
« Compte tenu des niveaux élevés de pauvreté en Afrique, et au Nigeria, nous avons besoin de politiques welfaristes qui augmentent de manière exponentielle les opportunités pour tous, réduisent les inégalités, améliorent la qualité de vie des gens », a déclaré M. Adesina en recevant le prestigieux prix Awolowo du leadership lors d’une cérémonie solennelle du mercredi 6 mars à Lagos.
Des présidents en exercice et d’anciens dirigeants africains figuraient parmi les centaines d’invités qui ont assisté à la cérémonie de remise du prix, au cours de laquelle M. Adesina a prononcé la conférence annuelle de la Fondation Awolowo sur le thème « Bâtir un Nigeria nouveau : politiques welfaristes et développement centré sur l’humain ».
Parmi les présidents ayant fait le déplacement figuraient Azali Assoumani de l’Union des Comores, Samia Suluhu Hassan de la République-Unie de Tanzanie et Sahle-Work Zewde de la République fédérale démocratique d’Éthiopie. La Première ministre du Togo, Victoire Tomegah Dogbé, représentait le président Faure Gnassingbé.
Quant aux dirigeants venus de tout le Nigeria figuraient le vice-président Kashim Shettima, qui représentait le président Bola Tinubu, les anciens présidents Goodluck Ebele Jonathan, Olusegun Obasanjo et Yakubu Gowon, ainsi que l’ancien président du Ghana, John Dramani Mahama ainsi que les 19 gouverneurs d’État et les chefs traditionnels.
« Lorsque les économies rurales chancellent, les nations chancellent »
Dans sa conférence, M. Adesina a identifié cinq domaines critiques sur lesquels les dirigeants nigérians et africains doivent se concentrer pour transformer leurs économies et les conditions de vie de leurs populations : la transformation de l’économie rurale et la sécurité alimentaire, la sécurité sanitaire pour tous, l’éducation pour tous, le logement abordable pour tous, la responsabilité gouvernementale et la décentralisation fiscale pour un véritable fédéralisme.
M. Adesina a déclaré qu’une meilleure Afrique doit commencer par la transformation des économies rurales, parce qu’« environ 70 % de la population y vit. La pauvreté rurale est extrêmement élevée. Au cœur de la transformation des économies rurales se trouve l’agriculture, qui constitue la principale source de revenus. ». « Lorsque les économies rurales chancellent, les nations chancellent », a averti M. Adesina et « cela conduit à la propagation de l’anarchie et du terrorisme qui profitent de la misère économique pour s’enraciner », a-t-il ajouté.
« 8,5 milliards de dollars pour soutenir l’agriculture au cours des sept dernières années, ce qui a eu un impact sur 250 millions de personnes. »
Il a souligné par ailleurs, comment le Groupe de la Banque africaine de développement soutenait une révolution agricole à grande échelle sur tout le continent. « Nous avons investi plus de 8,5 milliards de dollars dans l’agriculture au cours des sept dernières années, ce qui a eu un impact sur 250 millions de personnes. » « La Banque africaine de développement et les partenaires au développement fournissent 1,4 milliard de dollars pour le développement de 25 zones spéciales de transformation agro-industrielle dans onze pays », a-t-il souligné. Rien qu’au Nigeria, la Banque développe ces zones dans huit des 36 États du pays pour un financement de 518 millions de dollars. Un milliard de dollars supplémentaire sera consacré à la deuxième phase du programme, qui couvrira 23 autres États.
« Les gouvernements intelligents fournissent à leurs citoyens une couverture sanitaire universelle de base. »
« Le Nigeria a besoin de soins de santé pour tous », a déclaré M. Adesina, « les gouvernements intelligents fournissent à leurs citoyens une couverture sanitaire universelle de base. » Il a expliqué comment les maladies et les pathologies coûtent à l’Afrique 2 600 milliards de dollars en perte de productivité. M. Adesina a également raconté comment la pandémie de Covid-19 a pris l’Afrique au dépourvu, sans protection et reléguée au bas de l’échelle en ce qui concerne la distribution des vaccins.
Il a présenté les diverses initiatives lancées par le Groupe de la Banque pour répondre aux besoins de l’Afrique en matière de santé, notamment une facilité de dix milliards de dollars pour aider les pays à faire face à la pandémie, un programme de trois milliards de dollars pour réorganiser les industries pharmaceutiques africaines et le lancement récent de la Fondation africaine pour la technologie pharmaceutique pour soutenir l’accès aux technologies brevetées des sociétés pharmaceutiques mondiales.
Appelant le Nigeria à garantir la bonne santé de l’ensemble de sa population, M. Adesina a déclaré : « Il faudra pour cela veiller à ce qu’aucun citoyen ne parcoure plus de quelques kilomètres pour trouver un centre de santé. L’utilisation généralisée des centres de santé mobiles, des établissements de santé en ligne, la numérisation des systèmes de santé, en particulier dans tous les centres de soins de santé primaires, les politiques d’assurance maladie pour tous, y compris les systèmes innovants de micro-assurance maladie à la carte, permettront d’atteindre la majeure partie de la population qui se trouve dans le secteur informel. »
L’éducation pour tous
M. Adesina souhaite que le Nigeria offre une éducation à tous. Selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), le Nigeria compte 15 % de la population totale d’enfants non scolarisés, dont plus de 10,2 millions au niveau de l’école primaire et 8,1 millions au niveau du premier cycle de l’enseignement secondaire. « Ce n’est pas une médaille d’or dont le Nigeria peut s’enorgueillir », a-t-il déclaré, se disant préoccupé par le fait que « l’insuffisance du financement des universités, le manque d’infrastructures de base, le manque d’incitations pour les enseignants et les grèves incessantes dues à des conflits salariaux ont presque paralysé le système universitaire. »
M. Adesina a donné l’exemple de l’investissement de 614 millions de dollars du Groupe de la Banque dans le programme i-DICE au Nigeria, qui vise à soutenir le développement des entreprises numériques et créatives. Ce programme devrait permettre de créer 6,3 millions d’emplois et d’injecter un montant estimé à 6,4 milliards de dollars dans l’économie du Nigeria.
« Un bidonville 5 étoiles, ça n’existe pas. Un bidonville reste un bidonville. »
M. Adesina a déclaré aux invités que des politiques welfaristes étaient nécessaires de toute urgence pour garantir à tous les Nigérians l’accès à un logement de base à un prix abordable. Il a indiqué que selon les données de l’ONU/Habitat, 49 % de la population du Nigeria, soit l’équivalent de 102 millions de personnes, vivent dans des bidonvilles. Ce dont les gens ont besoin, c’est d’un logement décent et non de bidonvilles améliorés, a-t-il lancé. « Un bidonville 5 étoiles, ça n’existe pas. Un bidonville reste un bidonville. »
Responsabilité du gouvernement et décentralisation fiscale pour un véritable fédéralisme
Le président du Groupe de la Banque a déclaré : « Des forums de responsabilisation des citoyens sont nécessaires pour qu’ils aient leur mot à dire sur la manière dont les ressources de leur pays sont utilisées et sur les performances de leur gouvernement. » Afin d’améliorer la transparence et la responsabilité des gouvernements vis-à-vis des populations, la Banque africaine de développement est en train de mettre au point un indice de prestation de services publics, qui évaluera les gouvernements en fonction de la qualité des services fournis aux citoyens. « Si les gens paient des impôts, les gouvernements doivent fournir des services », a déclaré M. Adesina.
Selon le rapport Performances et perspectives macroéconomiques de l’Afrique (https://apo-opa.co/4c23ewl) publié récemment par la Banque africaine de développement, le Nigeria connaît actuellement une croissance lente. La fin du régime de subventions aux carburants et les mesures visant à unifier le taux de change ont contribué à une hausse rapide du coût de la vie et des importations, ce qui a pesé sur la demande et la production intérieures, ainsi que sur l’investissement, entraînant un ralentissement économique.
« Si les gens paient des impôts, les gouvernements doivent fournir des services »
« Pour sortir du bourbier économique, il est impératif de restructurer le Nigeria. La restructuration ne doit pas être motivée par l’opportunisme politique, mais par la viabilité économique et financière », a déclaré le président du Groupe de la Banque. Il a ajouté que pour que le Nigeria réussisse grâce à d’indispensables politiques welfaristes et centrées sur l’humain, il est nécessaire de changer le système de gouvernance afin de décentraliser et d’accorder une plus grande autonomie aux États. Affirmant qu’il était temps d’ouvrir la voie à un Nigeria nouveau, M. Adesina a déclaré : « Au lieu d’un gouvernement fédéral du Nigeria, nous pourrions penser aux États-Unis du Nigeria. »
Le prix, qui promeut l’héritage et les idéaux démocratiques du défunt leader nationaliste et fédéraliste nigérian, Chief Obafemi Awolowo, est également une « reconnaissance et une célébration de l’excellence en matière de leadership. » Les dirigeants africains ont salué la Banque africaine de développement pour son impact transformateur sur le continent sous la direction de M. Adesina. Enfin, la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan, qui a présidé la cérémonie de remise du Prix Obafemi Awolowo du leadership 2023, a décrit M. Adesina comme un leader dynamique et visionnaire.
« Il a une capacité rare à transformer une vision en solutions transformationnelles concrètes qui ont un impact sur la vie de millions de personnes à travers l’Afrique. La Tanzanie est l’un des nombreux États africains qui ont grandement bénéficié de son leadership dynamique et avisé », a-t-elle déclaré. « Grâce à son leadership et à son soutien, nous avons pu mobiliser 3,8 milliards de dollars pour financer la construction du chemin de fer régional à écartement standard qui reliera la Tanzanie à la République démocratique du Congo et à la République du Burundi ».
M. Adesina mérite d’être le lauréat du Prix Obafemi Awolowo du leadership 2023
Le président Azali Assoumani des Comores a déclaré : « M. Adesina a une capacité incroyable à rassembler les dirigeants pour qu’ils s’engagent et s’investissent dans des initiatives qui transforment l’Afrique tous les jours. Grand visionnaire, innovant et pragmatique, M. Adesina a mené de main de maître des initiatives transformatrices à la Banque africaine de développement. »
Dans un message lu par le vice-président Kashim Shettima, le président du Nigeria Asiwaju Bola Ahmed Tinubu a déclaré que la capacité de M. Adesina à naviguer dans les complexités de son rôle à la Banque africaine de développement démontre sa compétence et sa résilience face aux défis.
Sahle-Work Zewde, présidente de l’Éthiopie, a souligné à quel point la Banque africaine de développement est devenue une marque importante dans son pays et un partenaire de confiance de longue date pour le développement de son pays. « Sous la présidence de M. Adesina, la Banque africaine de développement nous a donné accès à des variétés de blé résistantes à la chaleur. L’Éthiopie, malgré les nombreux défis, est devenue un producteur de blé de premier plan, ce qui l’a conduite à l’autosuffisance en seulement quatre ans », a-t-elle déclaré. « Nous avons besoin de cet espoir et d’actions concrètes pour montrer que l’Afrique peut devenir autosuffisante en matière d’alimentation », a ajouté la présidente éthiopienne.